Gilbert KLEIN est président du Cercle Laïque pour la prévention du sectarisme, association fondée en 2002 dont la définition et les objectifs suivent:
" L’association est laïque, ouverte à tous sans discrimination. Son action trouve sa source dans les dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, de la Déclaration des droits de l’enfant de 1959 et des conventions internationales qui en découlent. Elle a pour but de contribuer à l’éducation aux droits de l’Homme en sensibilisant le public, les familles et notamment les jeunes, sur les risques auxquels ils s’exposent au sein des groupes dont les dérives totalitaires annihilent le libre-arbitre. Elle agit en liaison avec les mouvements dont l’objectif est d’éduquer les jeunes à la solidarité, de développer leur esprit critique et leur civisme. Elle organise des expositions, conférences, stages de formation, édite des publications et mène toute action contribuant à l’objectif de l’association ; elle assure l’écoute, le conseil et le soutien des familles concernées. Sans s’interdire une réflexion sur les contenus doctrinaux de ces groupes dans la seule mesure où leur mise en pratique serait attentatoire à la dignité, elle entend s’opposer en priorité aux comportements et aux actes portant atteinte à l’intégrité de la personne humaine, tant morale, mentale que physique."
En 2004 il soutient sa thèse:
Les Sectes et l’ordre public
Publié en ligne le 26 mai 2005À travers l’analyse de très nombreux jugements français et européens, ce travail est un document de référence très utile à tous ceux qui ont des décisions concrètes à prendre : élus locaux face à une demande de permis de construire ou de location de salles, fonctionnaires chargés de délivrer l’autorisation d’exercer à une assistante maternelle ou de passer une convention avec une association. Il donne également de solides bases de réflexion sur les questions aussi actuelles que la liberté de construire des lieux de cultes, le prosélytisme ou l’éducation des enfants.
Dans ses conclusions, Gilbert Klein propose une définition : « En droit, la secte pourrait être un groupement qui viole dans sa pratique quotidienne les droits reconnus par la Convention européenne des droits de l’Homme. Ces violations s’inscrivent dans le cadre de rapports entre particuliers en dehors de tout lien de subordination juridique et avec le consentement des victimes. Serait également sectaire tout groupe qui ne respecterait pas les droits reconnus par la Convention internationale de l’enfant dès lors que les parents donneraient leur accord à ces agissements. »
Cette définition est l’aboutissement d’une longue réflexion personnelle, mûrie dans l’action quotidienne
sur le terrain et étayée par un solide travail de recherche. Elle mérite d’être débattue, pour avancer sur la
question fondamentale d’une nécessaire harmonisation européenne autour des valeurs du Conseil de
l’Europe « à même, selon Gilbert Klein, de répondre au défi lancé par le sectarisme au souci de défendre
la dignité et les libertés. »
En 2016, il publie " Dignité - Liberté - Dérives sectaires et droits fondamentaux" qui font la synthèse de 30 ans de travaux sur le sujet, aux éditions " Connaissances et savoirs". Réédition en 2022.
Dignité - liberté
" C'est au cours des années soixante-dix que le sectarisme contemporain émerge. Les familles des personnes qui sont entrées dans ce qu'on appelait « sectes » à l'époque ont souvent été les premières à avouer leur embarras dès qu'elles se sont groupées en associations. Pouvaient-elles revendiquer des mesures qui amoindriraient les libertés de ces groupes dont elles estimaient que leurs proches en étaient les victimes ? Les avis n'étaient pas unanimes et Alain Woodrow, journaliste au Monde, un des premiers auteurs à s'emparer du sujet, prônait la prévention et l'information, non la répression et l'interdiction.
Plus d'une décennie plus tard, avec la publication des rapports parlementaires, le monde politique s'interrogeait, mais ici aussi sans trouver l'unanimité, sur la pertinence d'une législation spécifique.
Le monde juridique semble quant à lui plus hostile dans sa globalité à des textes qui porteraient atteinte aux libertés publiques et se montre attaché à la tradition libérale qui prévaut en France.
Prévenir les dommages à la personne humaine, mais sauvegarder l'esprit de la tradition de notre droit libéral, tel est l'objectif de la présente étude."
La récente pandémie du COVID qui a frappé le monde entier en 2020 n'a pas été sans conséquence sur l'exercice des libertés publiques. Nous avons pu assister à l'émergence d'une revendication des libertés individuelles de la part de mouvances attachées à des modes de totalitarisme, tant dans leur idéologie que dans leur pratique quotidienne. Nous nous demanderons quelle peut être la continuité entre un fonctionnement totalitaire irrespectueux de l'autonomie de la personne humaine et l'aspiration à se dérober à toute contrainte dans l'intérêt de la collectivité. Les groupes communément appelés sectes (pour reprendre la terminologie de la justice administrative), comme d'autres mouvements peu attachés aux libertés publiques ont été les premiers à vouloir s'affranchir de toute règle contraignante : un paradoxe ?
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