PRÉSENTATION

Notre objectif: "réfléchir autrement" au monde dans lequel nous vivons, compte-tenu de la complexité des nouvelles problématiques du monde contemporain et de la société.
Le monde va vite, la vitesse de diffusion des informations révolutionne, perturbe nos modes de pensée et de vie, ce qui crée une apparente confusion. Il nous faut trouver les clefs de compréhension des nouvelles logiques mondiales qui influencent notre vie afin de mieux maîtriser ces changements inéluctables pour mieux vivre ensemble. La mondialisation qui entraîne la confrontation de différentes cultures et de différentes valeurs chamboule nos certitudes et nous remet en cause. Et c'est bien! Il nous faut nous débarrasser des opinions mais bien renouer avec les idées. Il nous faut innover, penser le monde autrement.
Notre cercle de réflexion se compose de membres de sensibilités, de formations et de profils différents: juriste, avocat, médecin, neurologue, psychiatre, artiste peintre et géographe, cadre, ingénieur, sculpteur, élu, publicitaire, retraité, actif, jeune et moins jeune ... Nos parcours de vie et de profession nous permettent de mettre en commun des approches intellectuelles différentes, de confronter nos points de vue et d'aborder des idées nouvelles. Nous n'avons pas de solutions prêtes à l'emploi mais beaucoup de bonne volonté et foi dans l'avenir de l'humanité. Nicole Anquetil, présidente du Cercle Montesquieu du Mans.
Les adhésions et les contributions sont les bienvenues et seront soumises à la Rédaction.

samedi 26 janvier 2019

JACQUES LEVY, NOBEL DE GÉOGRAPHIE 2018; Ce géographe engagé est l'invité du Cercle Montesquieu le Mans, vendredi 1er Février à 18 h 30

Jacques Levy (copyright EPFL)

Le 5 octobre dernier lors du Festival International de Géographie à St Dié des Vosges, le géographe Jacques Lévy, a reçu le prix Vautrin-Lud. Ce prix créé en 1991, dans le cadre du FIG, avec l'intention de participer au rééquilibrage des récompenses internationales ( Nobels, médailles Fields...) en faveur des sciences sociales. Le nom du prix vient de celui d'un chanoine animateur du " gymnase vosgien", groupe d'érudits se réunissant au début du 16° siècle à Saint-Dié, dont le souvenir perdure parce que c'est encore en son sein que fut inventé le nom America pour désigner l'ensemble des terres atteintes à l'Ouest de l'Atlantique par des Européens depuis 1492. Le planisphère réalisé par l'un des membres du groupe, Martin Waldeseemüler, sur lequel est indiqué et justifié le terme America, est considéré comme l'acte de baptême de l'Amérique.

Extrait de l'interview de Jacques Lévy réalisé pour "Le Courrier International": ce qui compte c'est l'esprit de la carte...
" Vous parlez souvent de cartographie participative, est-ce un progrès?":
La cartographie participative correspond pour moi à des expériences dans le cadre de l'urbanisme. Celles-ci consistent en fait à demander à des habitants de faire eux-mêmes des cartes. C'est nécessaire si l'ont qu'ils soient capables de dialoguer d'égal à égal avec les urbanistes officiels qui leurs montrent des documents sur des projets d'aménagement. je pense que pour mettre fin à ce rapport déséquilibré, les citoyens doivent aussi être capables de faire des cartes, de manier ce langage. Ils pourront alors faire le chemin inverse en lisant les cartes des autres."
" Concrètement, qu'est-ce que çà change?":
Je vais vous donner un exemple: à Saint-Denis, j'avais demandé aux habitants de dessiner des cartes de leur espace et de leurs pratiques spatiale personnelles. Ce que l'on pouvait constater: comment conçoit-on Saint-Denis? Comme un point isolé? Ou bien mène-t-on des projets pour les habitants? Dans ce cas, il faut intégrer le fait que les Dyonisiens sont aussi les Franciliens! Aujourd'hui tous les urbanistes un peu sérieux ont compris que les progrès n'aboutissent pas  quand on les fait sans les habitants ou contre eux..."

mardi 22 janvier 2019

"LIBERTÉ, ÉGALITÉ, SPATIALITÉ. AUJOURD'HUI, LA JUSTICE PASSE PAR LA GÉOGRAPHIE" ANIME PAR JACQUES LEVY






Professeur agrégé de géographie à l'Université de Reims, professeur à Sciences-Po Paris puis professeur de géographie et d'urbanisme à l'Ecole Polytechnique de Lausanne, Jacques Lévy est une figure internationale de la géographie dynamique et enfin remuante!
Depuis 2002 il écrit dans la revue "Espace Temps" aux côtés de Christian Grataloup qui avait été notre invité en 2017, articles sur l'Espace en société .
Ses recherches portent sur les modèles urbains, la mobilité, la microgéographie des espaces publics en mesure de la mondialisation dans les aires métropolitaines.
Au sein de la Direction de l'Aménagement du Territoire, il a participé à l'élaboration pratique de la cartographie participative, impliquant pleinement les populations concernées.

Théorie de l'espace
Un des apports principaux de Jacques Lévy est d’avoir formalisé une théorie de l’espace du social. La définition de l’espace comme ensemble de relations de distance, dans la perspective leibnizienne, permet de sortir des absolutismes newtonien et cartésien  et d’identifier les deux attributs majeurs de l’espace (la métrique et l’échelle) en relation fondatrice avec ce qui, dans une réalité sociale, n’est pas spatial (la substance). L’espace comme "environnement" et la spatialité comme "agir" apparaissent alors le fondement d’une « géographicité » ainsi redéfinie. 

Géographie du politique
Dès 1984 en analysant les élections municipales à Paris il a montré l’existence d’un espace politique non réductible à une distribution des groupes sociaux définis sur des critères socio-économiques. Sa thèse d’État portait sur le croisement de deux dimensions du social : le politique et le spatial.
Il en ressort que, chaque fois que des questions traitant de l'ouverture (à l'Europe, aux migrants, à des religions ou à des orientations sexuelles minoritaires), l'espace électoral montre une grande sensibilité aux gradians d'urbanité : les espaces centraux des grandes villes sont le plus souvent favorables à ce type d'altérité tandis que les espaces périurbains ou ceux des petites agglomérations sont plus réticents ou même hostiles.

Ville et urbanité
A partir de 1983, il engage un travail sur la ville qui deviendra progressivement une théorie générale de l'urbanité.Il montre que, dans les pays développés et bientôt partout dans le monde, l'urbanisation s'achève. Les distinctions entre le rural et l'urbain laissent la place à des différences internes au monde urbain qu'il nomme "gradians d'urbanités". En relation avec les pratiques des urbanistes, il développe une théorie de l'espace public comme concentré multiscalaire d'urbanité où se déploie l'intime tout autant que dans l'espace privé, et où opère une manière de faire de la politique essentiellement fondée sur l'interaction, la civilité. Le concept d'espace public est ici bien dissocié de celui, plus général de sphère publique.
De ces explorations théoriques et empiriques, il conclut que les débats sur l'urbain désirable se polarisent autour de deux modèles d'urbanité, l'un "le modèle d'Amsterdam" qui assume l'urbanité et l'exposition à l'altérité qu'elle implique tandis que l'autre, le "modèle de Johannesburg" la récuse et n'accepte l'urbain qu'à contrecœur en cherchant à privatiser tout ce qui peut l'être.

La justice spatiale et la France
Il s'intéresse à la France en tant qu'espace singulier à travers les questions urbaines connectées à des analyses de l'espace politique. Il propose une conception de la justice spatiale fondée sur l'urbanité, l'habiter et la coproduction de bien publics. Dans cet esprit, il a participé au débat sur la "réforme territoriale" engagée par le gouvernement en 2014.

Publications

  • 2013 : "Réinventer la France": 30 cartes pour une nouvelle géographie, Fayard.
  • 2017 : "Atlas politique de la France", Autrement.
  • 2018 : "Théorie de la justice spatiale. Géographies du juste et de l'injuste", avec Jean-Nicolas Fauchille, Odile Jacob