Le 5 octobre dernier lors du Festival International de Géographie à St Dié des Vosges, le géographe Jacques Lévy, a reçu le prix Vautrin-Lud. Ce prix créé en 1991, dans le cadre du FIG, avec l'intention de participer au rééquilibrage des récompenses internationales ( Nobels, médailles Fields...) en faveur des sciences sociales. Le nom du prix vient de celui d'un chanoine animateur du " gymnase vosgien", groupe d'érudits se réunissant au début du 16° siècle à Saint-Dié, dont le souvenir perdure parce que c'est encore en son sein que fut inventé le nom America pour désigner l'ensemble des terres atteintes à l'Ouest de l'Atlantique par des Européens depuis 1492. Le planisphère réalisé par l'un des membres du groupe, Martin Waldeseemüler, sur lequel est indiqué et justifié le terme America, est considéré comme l'acte de baptême de l'Amérique.
Extrait de l'interview de Jacques Lévy réalisé pour "Le Courrier International": ce qui compte c'est l'esprit de la carte...
" Vous parlez souvent de cartographie participative, est-ce un progrès?":
La cartographie participative correspond pour moi à des expériences dans le cadre de l'urbanisme. Celles-ci consistent en fait à demander à des habitants de faire eux-mêmes des cartes. C'est nécessaire si l'ont qu'ils soient capables de dialoguer d'égal à égal avec les urbanistes officiels qui leurs montrent des documents sur des projets d'aménagement. je pense que pour mettre fin à ce rapport déséquilibré, les citoyens doivent aussi être capables de faire des cartes, de manier ce langage. Ils pourront alors faire le chemin inverse en lisant les cartes des autres."
" Concrètement, qu'est-ce que çà change?":
Je vais vous donner un exemple: à Saint-Denis, j'avais demandé aux habitants de dessiner des cartes de leur espace et de leurs pratiques spatiale personnelles. Ce que l'on pouvait constater: comment conçoit-on Saint-Denis? Comme un point isolé? Ou bien mène-t-on des projets pour les habitants? Dans ce cas, il faut intégrer le fait que les Dyonisiens sont aussi les Franciliens! Aujourd'hui tous les urbanistes un peu sérieux ont compris que les progrès n'aboutissent pas quand on les fait sans les habitants ou contre eux..."