En partenariat avec le Groupe Éthique de l'Hôpital du Mans et sa directrice, le Docteur Florence Deciron-Debieuvre, chef de service du SAMU72, le Cercle Montesquieu reçoit le professeur Emmanuel HIRSCH.
Emmanuel Hirsch est Professeur
des Universités, Directeur de l'Espace régional de réflexion éthique Ile-de-France, de l'Espace
national de réflexion éthique MND, et du Département de recherche en éthique,
Université Paris Sud. Il vient de publier un ouvrage, objet de sa conférence: "Le soin, une valeur de la République". Ce thème essentiel se situe au cœur de nos travaux.
Vient de paraître aux éditions Les belles
Lettres : Le Soin, une valeur de la République, Emmanuel
Hirsch.
« Ce texte témoigne d’un engagement dans le
contexte politique présent et pose, au cœur de notre démocratie, les valeurs
indispensables du soin et de l’accompagnement. La « refondation de notre
République » doit en reconnaître la signification, les enjeux et
l’urgence.
J’ai rédigé la conclusion de ce livre un an après
les attentats de janvier 2015, à proximité d’un des lieux parisiens qui
venaient d’être frappés par les terroristes – les restaurants Le Petit
Cambodge et Le Carillon– situé au bout de la rue Bichat
qui longe l’hôpital Saint-Louis. Là où est installé l’Espace de réflexion éthique
d’Île-de-France. Je saisis le caractère dérisoire, voire inconséquent et
inconsistant, de ce que pourrait être une réflexion portant sur les valeurs
démocratiques au regard de cette tragédie humaine. Mais je comprends également
qu’il est comme un devoir de contribuer à cette mobilisation nécessaire –
chacun à sa place et en fonction de ce qu’il peut –, faute de quoi les
prudences excessives ou les renoncements au nom de prétextes irrecevables
signifieraient que nous consentons à la barbarie. C’est l’enseignement que je
tire de ce qui m’a été transmis dans mon histoire familiale, du message si
précieux dont nous sommes personnellement comptables, confié par les personnes
qui ont su trouver le sens et le courage d’une résistance face à l’innommable.
Mais cette compréhension de la responsabilité assumée et partagée tient pour
beaucoup à cette aventure humaine que je poursuis depuis des années auprès de
ceux qui défendent et soignent l’autre. Ils témoignent, au nom de la cité, d’un
inconditionnel souci de son existence et, au-delà, d’un indéfectible
attachement aux valeurs qui inspirent et obligent notre idée de la démocratie.
Certains parmi nous demeurent ainsi présents et
disponibles dans l’hospitalité, cette expression d’une bienveillance qui jamais
ne renonce à l’affirmation et à la défense des principes d’humanité. Je ne
connais pas le langage qui exprime en vérité l’hommage qu’il conviendrait de
leur rendre. Au nom de ceux qu’ils soutiennent avec compétence, en situation de
crise ou après, lorsqu’il convient d’accompagner, de leurs mots fragiles et de
leurs gestes parfois incertains, par cette présence invulnérable aux tentations
d’abandon ou de renoncement, ils portent, dans l’exigence d’actes dignes et
courageux, assumés comme leur devoir personnel, le témoignage d’une humanité
qui permet de croire en l’humain, y compris face à l’inhumanité.
Aux avant-postes d’un engagement parfois à
mains nues, dans la proximité d’une rencontre qui expose à la vulnérabilité et
à la misère de l’autre, ces vigiles de notre démocratie préservent ce lien à la
vie qui menace de rompre lorsque la barbarie, sous quelque forme qu’elle se
manifeste, risque d’anéantir notre exigence de dignité. Ils demeurent
présents à une attente dont ils savent qu’elle excède ce qu’ils peuvent, mais
ne peuvent pas déserter alors que tant d’autres ont abdiqué, ne serait-ce que
pour éviter une confrontation qu’ils refusent ou bien dont ils renoncent à
reconnaître le sens des valeurs et des engagements qu’elle nous impose. »
Inscription obligatoire dès réception du carton d'invitation par mail. La conférence se déroulera dans la grande salle des Quinconces.
cercle.montesquieu.lemans@gmail.com