PRÉSENTATION

Notre objectif: "réfléchir autrement" au monde dans lequel nous vivons, compte-tenu de la complexité des nouvelles problématiques du monde contemporain et de la société.
Le monde va vite, la vitesse de diffusion des informations révolutionne, perturbe nos modes de pensée et de vie, ce qui crée une apparente confusion. Il nous faut trouver les clefs de compréhension des nouvelles logiques mondiales qui influencent notre vie afin de mieux maîtriser ces changements inéluctables pour mieux vivre ensemble. La mondialisation qui entraîne la confrontation de différentes cultures et de différentes valeurs chamboule nos certitudes et nous remet en cause. Et c'est bien! Il nous faut nous débarrasser des opinions mais bien renouer avec les idées. Il nous faut innover, penser le monde autrement.
Notre cercle de réflexion se compose de membres de sensibilités, de formations et de profils différents: juriste, avocat, médecin, neurologue, psychiatre, artiste peintre et géographe, cadre, ingénieur, sculpteur, élu, publicitaire, retraité, actif, jeune et moins jeune ... Nos parcours de vie et de profession nous permettent de mettre en commun des approches intellectuelles différentes, de confronter nos points de vue et d'aborder des idées nouvelles. Nous n'avons pas de solutions prêtes à l'emploi mais beaucoup de bonne volonté et foi dans l'avenir de l'humanité. Nicole Anquetil, présidente du Cercle Montesquieu du Mans.
Les adhésions et les contributions sont les bienvenues et seront soumises à la Rédaction.

samedi 26 février 2022

Vendredi 25 février salle comble dans l'auditorium du Carré Plantagenêt pour la conférence de Marie-José Bernardot et le débat sur immigration et intégration.

 


3 questions directes posées par Marie-José Bernardot:

- Y a t-il trop d'étrangers en France? dans la réalité: 0,5 % de la population française. 25 % de la population française est issu de l'immigration depuis le XIX ème siècle. On parle d'une " lente infusion "  des populations immigrées. La thèse du grand remplacement n'est pas fondée.
- L'intégration des immigrés est-elle un échec en France comme on veut bien nous le faire croire? Intéressant que ce "déni de francité" reproché à tort aux immigrés, puissance dévastatrice de la " fabrique de l'opinion" réalisées par certains médias et surtout les réseaux sociaux.
- L'islam est-il compatible avec la République?
- Les aspirations identitaires: quelles spécificités en France?

Une approche critique de la politique d'immigration et surtout de l'intégration des étrangers, accélération des contraintes imposées depuis les années 2000. Une politique de l'injonction à l'intégration qui s'avère négative. 
Une approche tout aussi pertinente sur l'obsession de tenter de régler les problématiques de l'intégration par la politique de la ville.

Des débats constructifs avec la présence de Français ayant vécu émigration/immigration puis intégration... 
La parole est donnée à Michel Bampély- Obouronanga, artiste, parolier, producteur, enseignant-chercheur, thésard en sciences sociales sur les cultures urbaines à l'EHESS . Un très beau témoignage sur l'attachement aux valeurs de la République et à l'Ecole républicaine.

Parole donnée ensuite aux décideurs économiques de la Ville du Mans dont M. Yves CALIPPE. Interventions de M. Harbulot, proviseur du Lycée Montesquieu, M. François Veaudor, président d'Humanisme et Habitat et M. Antoine Boutet, président de la Ligue des Droits de l'Homme de la Sarthe. Un débat passionnant et des références bibliographiques pour ceux qui veulent comprendre...

Un lien donné par Marie-José Bernardot: http://podcast.ausha.co/a-chances-egales-1/le-capital-culturel-l-autre-nerf-de-la-guerre





mardi 15 février 2022

" Journalisme d'investigation et affaires d'Etat" avec la venue exceptionnelle de Vincent Nouzille, journaliste, écrivain et auteur de documentaires, le jeudi 17 mars 2022 à 18 heures au Centre d'art, FIAA, de la Visitation au Mans


Inscriptions ouvertes.

D'abord la carte, ensuite le territoire. Avant d'envahir l'Ukraine, Poutine veut la raser des esprits. Nous publions la première traduction en français commentée ligne à ligne des points saillants de son discours fleuve de lundi soir – à lire absolument.



Sue le site de Vincent Nouzille: http://vincentnouzille.fr
regardez PRESSE puis cliquez sur Russie: la nouvelle guerre froide.
Un article impressionnant daté de 2019!


 


vendredi 4 février 2022

"L'immigration en France: au-delà des préjugés et des méconnaissances, la France un pays pluriel" par Marie-José Bernardot le vendredi 25 février 2022 au Musée Jean-Claude Boulard - Carré Plantagenêt , 18 h 30



Conférence le vendredi 25 février 2022 à 18 h 30 au Musée Jean-Claude Boulard - Carré Plantagenêt

par Marie-José Bernardot

Les inscriptions sont ouvertes: 

cercle.montesquieu.lemans@gmail.com
ATTENTION, il ne reste plus que 30 places.






 Marie-José Bernardot a cofondé en 2018 le collectif Désinfox-Migrations et présidé l’association créée en 2020 ; elle est  vice-présidente du Groupement national des initiatives et des acteurs citoyens (GNIAC) et administratrice de l’Ecole Pratique de service social(EPSS).

Marie-José Bernardot a également animé un groupe de travail consacré aux politiques d’intégration au sein de Terra Nova en 2016 (cf rapport « pour construire un monde commun : l’urgence d’une politique d’intégration » publié en  mars 2017 ; www.tnova.fr).

Elle est l’autrice de l’ouvrage « étrangers, immigrés : (re)penser l’intégration » paru en 2019 aux Presses de l’EHESS et a co-signé l’ouvrage collectif « Ethique, laïcité, engagement -enjeux de société et formations sociales »publié en 2015 aux Presses universitaires de Lorraine, à l’initiative de l’EPSS.

Elle a exercé des responsabilités au sein du Secrétariat Général à l’intégration et a dirigé le bureau de l’intégration territoriale, sociale et culturelle au sein de la Direction de la Population et des migrations (ministère des affaires sociales) et des Directions en charge de l’intégration au ministère de l’immigration puis de l’Intérieur entre 2007 et 2015. 


interviewHL189-Actualité-3.-Repenser-lintégration-pour-créer-un-monde-commun.pdf


Pour préparer cette conférence un bel article d'Hervé Lebras dans le 

journal " Le Monde" du 4 février 2022.


Hervé Le Bras : « La répartition du vote populiste renvoie à des découpages géographiques anciens »


Le vote d’extrême droite a souvent pour objet la lutte contre l’immigration, mais il n’est pas lié aux dynamiques migratoires actuelles, analyse le démographe. 

Propos recueillis par Julia Pascual

 


Hervé Le Bras.  YANN LEGENDRE

Hervé Le Bras est démographe et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Dans son ouvrage Le Grand Enfumage. Populisme et immigration dans sept pays européens (Ed. de l’Aube-Fondation Jean Jaurès, parution le 3 février, 168 pages, 17,90 euros), il décrypte les ressorts politiques du vote populiste et démontre que celui-ci n’est pas corrélé à la présence d’immigrés sur le territoire.

En France et dans six autres pays d’Europe, la géographie du vote populiste ne recoupe pas celle de l’immigration. Comment cela se fait-il ?

L’immigration est beaucoup plus présente dans la tête des gens que dans leur existence quotidienne. Ainsi, en 2017, en France, il y avait, selon l’Insee, 3,8 % d’immigrés dans les communes de moins de 2 500 habitants, alors que le vote pour [la candidate du Rassemblement national, RN] Marine Le Pen y avait atteint 27 % au premier tour de l’élection présidentielle. Dans les villes de plus de 20 000 habitants, on comptait 15 % d’immigrés et 14 % de votes pour la candidate frontiste. A Paris, il y avait 23 % d’immigrés et seulement 5 % de vote pour Le Pen. La Seine-Saint-Denis, département avec la plus forte proportion d’immigrés (30,6 %), avait voté Le Pen à 13,6 %. L’Aisne, département où le vote frontiste était le plus fort (35,7 %), ne comptait que 4,4 % d’immigrés.

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La situation est à peu près la même dans les six autres pays d’Europe. En Suisse, par exemple, l’Union démocratique du centre (UDC, populisme d’extrême droite) recueille 12 % des suffrages dans les grandes villes, 24 % dans les villes moyennes et 34 % dans les zones rurales, alors que les grandes villes abritent 35 % d’étrangers, les moyennes, 22 %, et les zones rurales, 12 %.

Envie d'en savoir plus sur l'immigration en France ?

Le vote populiste répond-il davantage à une géographie socio-économique ?

Les régions où le chômage est le plus élevé votent parfois davantage pour l’extrême droite, parfois non. En Allemagne, le chômage est plus répandu à l’Est, où le vote pour Alternative pour l’Allemagne (AfD) est le plus fort. A contrario, en Italie, il se concentre au sud du pays alors que la Ligue triomphe au Nord.

En France, à l’échelon large des régions, il y a une correspondance entre taux de chômage et vote RN. Mais, plus localement, la relation s’inverse. Alors que les villes votent nettement moins pour le RN, le chômage y est en moyenne un peu plus élevé.

La géographie de la migration, elle, obéit bien à une logique économique…

Les immigrés visent les zones urbaines dynamiques dans lesquelles ils peuvent trouver un emploi. A la longue, ils attirent des proches, qui s’installent aux mêmes endroits. Lorsque les centres de l’économie changent, ils ne se relocalisent guère et ce sont des immigrés d’autres origines qui arrivent ou sont appelés.

Ainsi, les Bengalis que l’Angleterre avait fait venir pour ses usines de textile sont restés dans les Midlands après la faillite de cette industrie, tandis que des Polonais et des Lituaniens étaient embauchés dans le high-tech de la région londonienne.

La forte demande dans les services à la personne des classes aisées résidant dans les grandes villes y attire aussi les immigrés. C’est par exemple le cas des femmes roumaines et philippines dans les villes italiennes de Rome et Milan. La mécanique de la migration n’a donc pas de rapport avec celle de la politique.

Par quel mécanisme le vote d’extrême droite répond-il à une logique politique ?

Le vote populiste renvoie à des découpages anciens, qui ont un rapport avec la constitution des pays. En Espagne, le parti Vox, apparu en 2014, a d’abord récolté des suffrages en Castille et en Aragon, au cœur du pays, par opposition aux séparatismes de la Catalogne et du Pays basque. En Italie, les populismes sont présents au sein de la Ligue, qui demande l’autonomie, puis l’indépendance, de la Padanie [région englobant la vallée du Pô et plus largement le nord de l’Italie]. Le fondateur de la Ligue, Umberto Bossi, prétend ainsi que les Italiens du Nord descendent des Celtes et ceux du Sud des Etrusques et des Africains.

En Allemagne, la délimitation entre vote fort et vote faible pour l’AfD coïncide exactement avec l’ancienne frontière séparant l’Allemagne de l’Est de celle de l’Ouest. Au Royaume-Uni, le vote contre le Brexit était concentré en Ecosse, dans la fraction catholique de l’Irlande du Nord et dans l’ouest du Pays de Galles. En Suisse, les cantons ruraux du centre, les premiers à former une confédération au XIVsiècle, votent massivement pour l’UDC, les autres cantons alémaniques un peu moins, et les cantons romands, francophones, encore moins.

Vous opposez la France des champs ouverts, populiste, à celle du bocage…

Aussi étrange que cela paraisse, la carte départementale du vote RN (et Front national, car elle est stable) est celle qui sépare ces deux types de paysages. La coupure remonte au haut Moyen Age avec, d’une part, les bocages à l’Ouest et au Sud-Ouest, et leur population éparpillée en fermes isolées et hameaux, et, d’autre part, les champs ouverts au Nord-Est et dans la zone méditerranéenne, et leur population concentrée dans des villes et villages.

L’historien et médiéviste Marc Bloch (1886-1944) a montré que cette géographie a créé deux types de sociabilités radicalement différentes, et le géographe et sociologue André Siegfried (1875-1959) en a fait l’un des trois facteurs explicatifs de son Tableau politique de la France de l’Ouest sous la IIIRépublique (Armand Colin, 1913).

La différence entre ces deux pays tient notamment au retard de l’agriculture du bocage, donc à celui de l’industrie. Tandis que cette dernière est entrée en crise au Nord-Est, où elle était ancienne, elle s’est développée à l’Ouest, particulièrement dans le domaine alimentaire au cours du demi-siècle passé. Les enfants des paysans sont devenus assez récemment ouvriers, puis employés et cadres. A l’Est, l’ascension sociale a stagné, les paysans étaient devenus ouvriers dès la première moitié du XXsiècle, puis la situation s’est détériorée à la fin des « trente glorieuses ». A l’Ouest, désenclavement et ascension sociale ont créé des attentes positives. A l’Est, au contraire, la dissolution des liens de sociabilité dans l’habitat groupé et la désindustrialisation ont alimenté une atmosphère anxiogène.

Pourquoi le vote populiste ravive-t-il ces fractures immémoriales ?

Pour exister, les populistes ne peuvent pas occuper la place des partis politiques habituels, qui ne laissent pas d’espace aux nouveaux venus. Il y a là une logique presque d’épidémiologie. Quand le vote populiste se répand, il va cogner contre les bastions des partis anciens. Il prend donc pied sur d’autres terrains. Et pour trouver un principe de rassemblement, il ravive un passé lointain.

Le populisme a nécessairement besoin de s’appuyer sur la fiction d’un peuple homogène – fiction qu’il retrouve dans une histoire souvent fantasmée, fiction de la Padanie, de l’Espagne unifiée, du Royaume-Uni opposé à l’Europe, de la Suisse originelle des cantons d’Uri, de Schwyz, de Zoug, de Glaris, d’Obwald, de l’identité française.

Comment expliquez-vous la prépondérance d’un vote populiste rural ?

C’est une des conséquences de la hausse remarquable du niveau d’éducation et du nombre de diplômés dans tous les pays considérés. Le niveau d’éducation atteint par les individus ne correspond plus aux positions qu’ils occupent dans la société. Le cas exemplaire de la France aide à saisir le problème. Au recensement de 1968, on comptait 6 % de cadres et de professions libérales, et, en parallèle, 6 % de personnes ayant poursuivi des études après le bac. Celles-ci pouvaient donc légitimement aspirer à devenir cadres. Actuellement, et c’est le signe d’un progrès, 36 % des actifs ont suivi des études supérieures, mais on compte seulement 16 % de cadres et de professions libérales, ce qui limite les attentes.

Cet écart est plus fort dans les zones rurales que dans les grandes zones urbaines. Ainsi, dans les communes de moins de 1 000 habitants, 20 % des titulaires du baccalauréat sont cadres, contre 45 % dans les villes de plus de 100 000 habitants. Cela engendre une assez grande insatisfaction dans le monde rural. Les gens ont l’impression d’avoir fait des études pour rien.

Pourquoi ce populisme, qu’il soit français, italien, autrichien ou encore britannique, s’est-il fixé sur le rejet de l’immigration ?

Dans la plupart des pays, la position anti-immigrés s’est construite progressivement. Au départ, Vox était anticatalan et antibasque, les partisans du Brexit n’étaient pas anti-immigrés et le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) était avant tout libéral. En Italie, la Ligue d’Umberto Bossi était initialement préoccupée par l’indépendance de la Padanie.

Puis on observe à chaque fois un tropisme de plus en plus marqué pour un discours anti-immigrés. Car, au fond, le seul moyen qu’ont les populistes de se constituer comme peuple, c’est en se définissant par leur contraire, leur ennemi, pour reprendre la définition classique de la politique par Carl Schmitt [1888-1985]. Parce qu’on ne peut pas définir le peuple, on définit son opposé. Chez les populistes de gauche, c’est l’oligarchie, tandis que chez les populistes de droite, ce sont les immigrés.

Vous publiez, le 2 mars, chez Grasset, un essai intitulé « Il n’y a pas de “grand remplacement” », reprenant le nom d’une théorie raciste prisée par l’extrême droite. Qu’en est-il ?

La crainte d’un « grand remplacement » est stupide. Quand vous faites une projection de population, vous n’obtenez jamais un résultat tel que la population immigrée deviendrait majoritaire, même en supposant que tous les descendants d’immigrés et ceux issus des couples mixtes appartiennent à cette population remplaçante. On est dans un fantasme entretenu par le mépris des statistiques, qui est inséparable du populisme pour qui, systématiquement, le cas particulier devient le cas général.


« Le Grand Enfumage. Populisme et immigration dans sept pays européens », d’Hervé Le Bras (Ed. de l’Aube-Fondation Jean Jaurès, parution le 3 février, 168 pages, 17,90 euros)