La «géohistoire», expression née sous la plume de Fernand Braudel,
s'intéresse aux interactions entre les dimensions géographique et historique
pour proposer une analyse des sociétés sur le temps long et à différentes
échelles. À l'ère de la mondialisation,
le croisement des perspectives spatiales et temporelles prend toute son
importance et devient presque une nécessité. C’est cette approche nouvelle que
Christian Grataloup a mis et met en valeur dans sa recherche et ses écrits.
« La brusque prise de
contrôle des Amériques par quelques poignées d'Européens a fait bifurquer
l'histoire de l'humanité. Une civilisation de l'Eurasie parmi d'autres a pu
faire émerger un niveau de réalité proprement mondial qu'elle a doté de bien de
ses traits. Pure contingence ? Le Monde aurait sans doute pu être autre. Sa
genèse, depuis les « Grandes Découvertes », procède et hérite de logiques
beaucoup plus anciennes. Gengis Khan ou Sheng He lièrent les fils du possible
de manières qui eussent pu aboutir à des histoires bien différentes. Pour
autant, un retour sur l'Ancien Monde et sa géohistoire permet de mieux
comprendre pourquoi c'est ce monde-ci qui s'est forgé... et pourquoi nous nous
interrogeons aujourd'hui sur la mondialisation ! En débrouillant tout un
faisceau d'histoires qui comporte bien des hésitations, bégaiements et retours
en arrière, Cristian Grataloup remet en perspective et éclaire d'un jour
nouveau les questions posées par l'invention du Monde : pourquoi l'Europe en
fut-elle l'initiatrice ? Quelle est l'origine du sous-développement ? Pourquoi
la révolution industrielle commença-t-elle en Angleterre ? Au-delà, il donne à l'étudiant, à l'enseignant et à tous ceux qui
s'interrogent sur le phénomène « mondialisation » les moyens d'appréhender sa
réalité de manière bien moins partielle, partiale ou réductrice que ce n'est
généralement le cas. Ni linéaire, ni inéluctable, la mondialisation se
présente comme une forme de compromis entre des héritages variés, des mémoires
contradictoires qui contribuent à différencier la face de la Terre. L’approche
nouvelle d'une géographie des histoires du monde est audacieuse et éclairante.
La prise en compte du temps long de l'humanité permet de comprendre pourquoi «
mondial » n'est pas synonyme d'« universel » et pourquoi réduire la distance
entre les deux est urgent. »
Christian Gartaloup cofondateur de la revue "Espaces Temps" en 1975, a publié un certain nombre d'ouvrages dont:
- Introduction à la géohistoire, Armand Colin, 2015
- L’atlas global (avec Patrick Boucheron et Gilles Fumey), Les Arènes, 2014
- Faut-il penser autrement l'histoire du monde ?, Armand Colin, 2011
- Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, Armand Colin (collection U), 2007, 2010
- L'invention des continents, Larousse, 2009