Politologue, professeur à Sciences-Po Paris et membre de la Ligue des droits de l'Homme, Catherine Wihtol de Wenden a fait une conférence brillante et militante sur la crise européenne de l'accueil des réfugiés.
Après avoir expliqué de façon très pédagogique et avec de nombreuses cartes extraites de "L'Atlas des migrations" dont elle est l'auteure (Collection Autrement), elle a abordé le fonds du sujet, c'est-à-dire le pourquoi de la crise européenne face à l'afflux des réfugiés de guerre et des migrants économiques. L'arrivée des réfugiés de la Méditerranéenne ( en réalité peu nombreux pour 507 millions d'Européens), révèle les faiblesses des fondements de la Construction européenne et fait voler en éclats les principes de Schengen.
C'est bien l'absence de politique migratoire européenne et la politique d'externalisation des frontières ( pour repousser le problème) qui sont responsables du désastre humain: 30 000 morts en Méditerranée en 20 ans...
Si en septembre 2015 le choc des photos dont celle du petit Eilan a ému une partie de l'opinion publique, cela n'a pas permis de trouver de vraies solutions à ce drame humanitaire. L'idée de "partage" des réfugiés entre pays européens a été lancée par M. Junker, tout comme le régime accéléré préférentiel qui permet aux réfugiés de travailler si leur dossier n'est pas traité dans les 9 mois. Cependant une grande partie des pays européens ont fermé leurs frontières. Les pays du groupe de Wisegrad constituent le "front du refus", ces anciens fragments des grands empires centraux se sont longtemps battus pour avoir leur indépendance et ont peur de perdre leur homogénéité culturelle et linguistique.
C'est donc une politique de dissuasion très couteuse et bien peu efficace qui est donc menée par l'Europe ainsi qu'une théâtralisation des reconductions à la frontière. Dans un contexte de montée des nationalismes et des souverainismes, les décideurs politiques ménagent les opinions politiques...
"La maîtrise absolue des flux migratoires par les Etats est irréalisable et ne peut pas fonctionner de manière satisfaisante sans porter atteinte aux droits de l'homme. Elle nuit à la fluidité des échanges et génère une immigration clandestine alimentant l'économie mafieuse du voyage.
Le débat sur l'ouverture des frontières permet de poser une autre question: plutôt que de laisser aux États d'immigration le monopole du régime de fermeture des frontières, ne vaudrait-il pas mieux considérer que la liberté de circulation des personnes est un droit universel mais que les États peuvent en restreindre l'entrée? La souveraineté des États serait préservée, tout en s'insérant dans le cadre universel du droit du citoyen du monde à y circuler. Cette inversion du régime des frontières présenterait l'avantage de justifier, pour les États le bien-fondé de la fermeture de leurs frontières quand ils y recourent et de ne pas considérer que celui qui circule librement est un criminel en puissance".
Notes prises par Nicole Anquetil et extraits du livre de Catherine de Wenden, "Faut-il ouvrir les frontières?".
C'est donc une politique de dissuasion très couteuse et bien peu efficace qui est donc menée par l'Europe ainsi qu'une théâtralisation des reconductions à la frontière. Dans un contexte de montée des nationalismes et des souverainismes, les décideurs politiques ménagent les opinions politiques...
"La maîtrise absolue des flux migratoires par les Etats est irréalisable et ne peut pas fonctionner de manière satisfaisante sans porter atteinte aux droits de l'homme. Elle nuit à la fluidité des échanges et génère une immigration clandestine alimentant l'économie mafieuse du voyage.
Le débat sur l'ouverture des frontières permet de poser une autre question: plutôt que de laisser aux États d'immigration le monopole du régime de fermeture des frontières, ne vaudrait-il pas mieux considérer que la liberté de circulation des personnes est un droit universel mais que les États peuvent en restreindre l'entrée? La souveraineté des États serait préservée, tout en s'insérant dans le cadre universel du droit du citoyen du monde à y circuler. Cette inversion du régime des frontières présenterait l'avantage de justifier, pour les États le bien-fondé de la fermeture de leurs frontières quand ils y recourent et de ne pas considérer que celui qui circule librement est un criminel en puissance".
Notes prises par Nicole Anquetil et extraits du livre de Catherine de Wenden, "Faut-il ouvrir les frontières?".
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