Soirée réussie pour un public attentif composé d'étudiants et de passionnés venus écouter une belle leçon de philosophie sur la naissance de la notion d'intérêt.
Dans notre quête de compréhension de l'évolution des relations humaines, l'histoire de l'apparition de la notion d'intérêt est passionnante. Donatienne Duflos de Saint Amand va démontrer que cette notion tellement utilisée aujourd'hui est apparue tardivement et n'avait pas le même sens que nous lui donnons. La leçon de Donatienne nous fait réfléchir sur notre manière de nommer les choses et la nécessité de resituer la notion dans une histoire.
Pendant plus d'une heure elle va nous montrer les différentes aventures des sens de la notion d'intérêt, allant de dommage à avantage, terme appartenant plus au domaine juridique qu'économique, évitement d'un mal et recherche d'un bien, instrument d'une réputation au XVIème siècle, outil intellectuel d'évaluation d'une action et instrument d'une réputation chez Machiavel.
Donatienne Duflos de St Amand fait référence aux auteurs"mineurs" ou jugés comme tels comme Francesco Guicciardini (Guichardin) ou Giovanni Botero chez qui on voit apparaître pour la première fois la notion de la raison d'Etat et pour qui l'intérêt s'applique à toutes les formes de relation entre les hommes et est le principe absolu de l'action du prince. Henri de Rohan, 1579-1638, dans son livre "De l'intérêt des princes et de la Chrétienté"parle d'un intérêt conjoncturel, un principe d'action rationnel, universel et irréfutable. Pour les auteurs mystiques espagnols, l'intérêt est au cœur de la relation entre la créature et Dieu.
Désormais c'est une notion qui se faufile partout...dans une grille de lecture sur la relation à l'autre. Cela va avoir des conséquences sur la nature de l'être, puisque l'on va penser l'être à partir de sa relation avec l'autre être, on pense donc l'être à partir de la relation.
Une démonstration brillante et passionnante sur l'histoire des idées et des concepts.
Pour préparer sa conférence, Donatienne a relu sa thèse de 700 pages et a ainsi pu se replonger dans la notion d'intérêt, objet de sa recherche. Un énorme travail pour notre plus grand bonheur de continuer à apprendre, approfondir des idées et remettre sans arrêt en question nos certitudes.
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