Salle comble au théâtre de l'Acthalia dans la Cité Plantagenêt et un public désormais fidèle à nos rendez-vous.
Je relate quelques passages passionnants mais qui mériteraient des approfondissements et des lectures.
Montaigne définit le politique ainsi: c'est ce qui est relatif à la Cité. Au moment des guerres de religion, le terme de politique est utilisé comme un adjectif avec une connotation machiavélienne ( accepter le compromis avec les Protestants). Ce qui est politique n'a plus rien à voir avec la morale.
Montaigne adoptera l'attitude du conciliateur, il aimera rechercher l'art du compromis. Marie-Luce Demonet parle de la Real Politik pratiquée par Montaigne, ce qui fait qu'il sera toujours recherché pour ses talents de médiateur. Pour cette raison il n'aura qu'une carrière à éclipses, se mettant en retrait par choix. C'est cette même attitude qu'il adoptera en tant que maire de Bordeaux: "ne pas placer son opinion personnelle", "ménager sa volonté"...pour sauver sa peau! "Il faut parfois préférer l'utile à l'honnête"...
Le grand apport de Montaigne est d'avoir séparé le religieux du politique. C'est la modernité apportée par Montaigne.
Une autre approche intéressante de la morale est proposée, autre que celle de la morale religieuse: la morale individuelle. Le rapport à la conscience est posé. Montaigne pose la question de la responsabilité de chacun: qu'aurait-on fait? C'est le lecteur qui va essayer de se mettre à la place de celui qui va décider.
Enfin une dernière idée est abordée: quand le politique se détache du religieux et de la morale chrétienne, il faut qu'il y ait une sacralisation du politique. La sacralité s'est alors reportée sur la personne du Roi qui "guérit" les écrouelles. Le cérémonial existe bien encore...
Marie-Luce Demonet qui fait aujourd'hui un énorme travail de mise en ligne des Essais de Montaigne, parle de la langue utilisée, une langue qui construit la pensée.
Une conférencière passionnée qui a su se mettre à la portée de tous, une universitaire de talent qui nous a tous "emballés" par son érudition et sa simplicité. Une soirée riche grâce aussi à la présence d'un public averti et chaleureux. Nous nous retrouverons fin septembre pour de nouveaux sujets: l'économie sociale et solidaire avec Nicolas Landy puis le chef d'orchestre Claire Gibault qui parlera de la musique et du sacré ainsi que de l'éducation musicale tout au long de la vie. Un très bel été à tous. Nicole Anquetil
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